Breizh info::Nantes. Le trafic de drogue en centre-ville ne cesse de s’étendre

Nantes. Le trafic de drogue en centre-ville ne cesse de s’étendre

21/12/2016 – 06H30 Nantes (Breizh-info.com) – Breizh-info avait consacré fin avril 2016 un gros dossier sur la vente de drogue – essentiellement de la résine de cannabis – qui battait son plein sur la place du Commerce, et sur ceux qui s’y adonnent. Huit mois plus tard, la place du Commerce, cœur battant du port de Nantes au XIIe siècle, mérite toujours son nom séculaire, même si le cannabis marocain coupé au talc a remplacé les vins du pays de Clisson – la place du Commerce s’appelait au Moyen-Age place du Port au vin.

Les mois passent, mais les dealers restent. Et vendent tranquillement, à quelques dizaines de mètres de la police municipale qui surveille le marché de Noël. « Tout le monde s’en fout de nous », constate désabusé un contrôleur de la TAN, « les dealers sont toujours là, ils nous embêtent, ils sont stationnés devant nos WC et notre local de coupure ». Et quand la police passe, ils s’en vont, attendent que la police s’en aille, et reprennent leur commerce.

En août 2016 la CFDT-SEMITAN indiquait que « les grilles, les interstices du local DSR à Commerce servent de planque pour les dealers », sans que ce signalement ne soit suivi d’effet. « Nous faisons très régulièrement des remontées à Nantes Métropole et à la direction de la TAN concernant le deal à Commerce », nous précise le syndicat mi-décembre. « Mais cela reste une question de volonté politique ».

Les dealers continuent à améliorer leur quotidien par des vols à la tire. Le 14 décembre, l’un d’eux passait en procès en correctionnelle à Nantes pour deux vols à la tire commis le 17 février 2016. Il s’était présenté lors de l’instruction sous le nom de Mahmoud H., né en 1999 à Alep. Finalement, devant le tribunal il s’agit de Ahmed B. – l’orthographe, comme la véracité du nom, est flottante – né à Chlef en Algérie. L’individu, clandestin sur le territoire français, est condamné à cinq mois de prison avec sursis et ressort libre.

Pis, la vente massive de drogue à Commerce se propage vers d’autres aires jusque là indemnes. Le soir, maintenant, l’on vend de la résine de cannabis devant le carrefour Feydeau, plus à l’est, mais aussi rue Kervégan et square Daviais, plus à l’ouest. Devant le carrefour Feydeau il y a aussi régulièrement des bagarres et des ivresses publiques manifestes, des chiens qui divaguent, des gens qui consomment des produits stupéfiants jusque dans l’entrée du magasin, etc. Le côté à l’ombre, dans le noir, côté sud, abrite d’autres dealers – principalement issus d’Afrique noire ceux-là et des bagarres s’y produisent assez souvent, sur fond de drogue et d’alcool.

« Entre les gens bourrés, les chiens qui se promènent partout, qui aboient, ceux qui fument, ceux qui dealent, ceux qui ont les yeux explosés tellement ils sont drogués, ceux qui hurlent, ceux qui sifflent les jeunes filles ou leurs tiennent des propos salaces, le centre de Nantes ne ressemble plus à rien », remarque Jeanne, 21 ans. « Je suis triste pour ma ville ». Michel, qui travaille dans un commerce environnant, trouve que « ce bazar risque de casser l’image de la place ; il y a des clients qui ne viennent plus ou évitent certaines heures de la journée. Se faire tirer son porte-monnaie ou son portable n’a rien d’agréable ». Pour Jacques, 40 ans, « ce serait bien de voir plus de police, et surtout qu’ils soient intraitables avec les gens qui se bourrent la gueule et s’engueulent entre eux. C’est une question d’image, et puis à quoi sert la police municipale, si le centre-ville de Nantes ne ressemble plus à rien ? C’est la zone ! ».

Louis-Benoît Greffe

Carte : Breizh-info.com
Photo : Pymouss44/Wikipedia (cc)
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